Un grand livre de théologie spirituelle vient de paraître pour la première fois en français : Jalons pour la prière intérieure, de Ruth Burrows.
Il avait déjà été évoqué dans un article de ce site à propos de la question de savoir dans quelles mesures les phénomènes mystiques sont naturels ou surnaturels, où une première traduction de quelques extraits du livre consacrés à ces « phénomènes » avait été proposée.
Désormais, c’est l’ensemble de ce grand texte qui est disponible aux Éditions du Carmel (trad. Pauline de Cointet – de Vanssay et Alain Sainte-Marie).
Présentation des Jalons pour la prière intérieure
Cet ouvrage célèbre dans le monde anglo-saxon (sous le titre Guidelines for Mystical Prayer) transmet le témoignage de deux femmes aux cheminements différents mais profondément encourageants, Claire et Petra.
Chacune rend grâce d’avoir été conduite à la plénitude de l’union avec Dieu. Ruth Burrows nous partage le fruit de leurs échanges avec l’assurance et la puissance de conviction que l’on avait déjà pu découvrir dans le récit de sa vie, Face au Dieu vivant.
La valeur unique de ses propos tient d’abord à la singularité de l’expérience de Petra (alias Ruth Burrows) : alors que Thérèse d’Avila et Jean de la Croix décrivent le mariage spirituel comme précédé et accompagné de faveurs mystiques exceptionnelles, Petra déclare n’en avoir jamais bénéficié. Elle est toujours demeurée dans l’aridité et l’obscurité – expérience spirituelle proche de celle de Thérèse de Lisieux.
Une conviction fonde et oriente le message spirituel communiqué dans ces Jalons pour la prière intérieure : puisque Claire et Petra (alias Ruth Burrows) ont été conduites à la plénitude de l’union à Dieu selon des modalités très différentes (lumineuse et accompagnée de grandes faveurs spirituelles, pour Claire, obscure et continuellement aride, pour Petra), c’est ce qui leur est commun, et non ce qui les différencie, qui constitue le cœur de la vie mystique chrétienne.
Ce cœur mystique est le cœur même de l’Évangile : Jésus totalement abandonné à son Père et donné aux hommes ; Jésus accueilli en soi comme don du Père, jusqu’à ce que la centration sur soi-même ait fait place à la complète union d’amour avec lui. Cette conviction née de la communion des expériences fut éclairée et soutenue par une réflexion bénéficiant de sources de connaissance inaccessibles du temps de Thérèse d’Avila et Jean de la Croix : la psychologie moderne, les neurosciences, l’étude des autres religions et spiritualités.
À la lumière de ces disciplines, il n’est plus possible de maintenir la conviction passée selon laquelle les phénomènes inhabituels tels que les suspensions de l’imagination, l’absorption de l’intelligence et de la volonté, les extases, les voix intérieures, les visions, viennent nécessairement de Dieu s’ils ne proviennent pas du démon ou de l’effort personnel.
Non pas dans leur contenu de foi, mais dans ce qu’ils ont d’inhabituel et d’indépendant de la volonté, ces phénomènes dits « mystiques » peuvent avoir des causes naturelles, telles que la privation de nourriture et de sommeil, des troubles neurologiques, certaines substances et pratiques méditatives, ou être tout simplement le fruit de l’inconscient psychique.
Voir la présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur
Consulter l’avant-propos du livre (par J.-B. Lecuit) »
Extraits du livre
Sur Ruth Burrows, voir
Ruth Burrows and the Modern World
The Gospel Mysticism of Ruth Burrows: Going to God with Empty Hands
Autres textes de Ruth Burrows, disponibles en ligne :
Where I can best give myself wholly to God
Lose Yourself: Getting past ‘me’ to ‘thee’
Sur la question des phénomènes mystiques, voir aussi, sur ce site :
Phénomènes mystiques et psychologie
L’origine des phénomènes mystiques
Les visions de Thérèse d’Avila à la lumière des neurosciences et de la psychanalyse
Les visions de Thérèse d’Avila à la lumière des neurosciences et de la psychanalyse (2)
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