Les formes étranges que prend parfois le développement des prières pour obtenir la guérison invitent à un recul critique, tant pastoral, que théologique et psychologique.
Voici quelques ressources à ce sujet, pouvant alerter sur les risques de manipulation, emprise, dérive sectaire, confusion entre psychique et spirituel, superstition, crédulité, déviation théologique, et favoriser le discernement :
Dans La trahison des pères, son ouvrage consacré à Emprise et abus des fondateurs de communautés nouvelles, Céline Hoyeau ne s’interroge pas seulement sur la part inconsciente, et donc difficile à détecter et à contrecarrer, de l’influence des fondateurs de communautés coupables d’abus spirituels et sexuels (comme cela est documenté dans le précédent article). Elle affirme à juste titre la nécessité d’une critique de la fausseté de leur mystique, déplorant « l’absence d’instance critique à l’heure actuelle pour débattre de la mystique ». On trouvera ci-après, à la suite du passage où Céline Hoyeau exprime cette idée, quelques contributions à une telle approche critique de la mystique.
Émission sur psychanalyse et religion (16 mn, Direct8, 2007) Avec la participation de Jean-Baptiste Lecuit, théologien, et de Patrick Chardeau et Linda Morisseau, psychanalystes
Émission “La foi prise au mot” sur foi et psychanalyse (52 mn, KTO, 2010) Avec la participation Macha Chmakoff, psychologue et psychanalyste, et David Larre, philosophe
Si l’on peut tirer de l’application de la méthode psychanalytique un argument nouveau contre la teneur en vérité de la religion, tant pis pour la religion, mais les défenseurs de la religion auront le même droit à se servir de la psychanalyse pour apprécier pleinement la signification affective de la doctrine religieuse. Et maintenant, pour aller plus avant dans la défense ; la religion a manifestement rendu de grands services à la culture humaine, elle a beaucoup contribué à dompter les pulsions asociales, mais pas suffisamment.
Sigmund Freud, L’avenir d’une illusion, 1927, dans Œuvres complètes, t. 18, p. 178
Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour reconnaître dans le noyau originel de la foi chrétienne un paradigme de la conception authentiquement humaine de la figure paternelle. La paternité dans la relation humaine se manifeste dans un acte de parole relationnel et s’accomplit dans le processus même de reconnaissance de l’enfant, et comme la paternité est essentiellement un processus relationnel, l’autre, l’enfant, doit s’y impliquer. Dans la relation entre Jésus et son Dieu, le père communique sa divinité par un processus transformateur dans lequel Jésus s’implique lui-même. Dans l’ordre humain, s’agissant de la relation père-enfant, le père initie l’enfant à l’humanité que le père représente, médiatise et promeut par le processus transformateur du complexe d’Œdipe. Il y a donc indubitablement une analogie structurale entre la foi chrétienne et l’ordre humain
Antoine Vergote, « At the crossroads of the personal word », in M. Aletti et al., Psicoanalisi e religione, 2002, p. 22
Dans la perspective de l’expérience, la rencontre de la psychanalyse mène à tout autre chose qu’à des confrontations d’idées aboutissant par exemple à une critique intellectuelle des idées de Freud sur la religion. Mais, comme expérience, elle peut conduire à ceci : « Je suis sur un divan. On m’a dit et répété que Dieu est amour. Je l’ai cru, et en parlant de papa et maman, tout à coup je découvre que la formule : “Dieu est amour” voulait dire que ma mère ne voulait pas me laisser vivre. » C’est tout à fait autre chose, une découverte imparable. Je suis délogé de ma position de croyant, de discoureur, de ma position de controversiste. Je m’enfonce dans le tréfonds de l’inconscient
Maurice Bellet, Un trajet vers l’essentiel, Seuil, 2004, p. 102