Il y a de grands risques de confusion entre le spirituel et le psychique, mais aussi de séparation injustifiée. Afin d’éclairer les accompagnateurs spirituels et les personnes accompagnées sur l’importance de prendre en compte la psychanalyse et les thérapies qui s’en inspirent, un article de l’auteur de ce site (Jean-Baptiste Lecuit) expose successivement les points communs et les différences entre les réalités à prendre en compte (le spirituel et le psychique), les expériences de ces réalités (l’expérience spirituelle et l’expérience psychologique), les théories au sujet des réalités et expériences (la théologie et la psychanalyse), et les pratiques correspondantes (l’accompagnement spirituel et la psychanalyse ou les thérapies s’en inspirant). Les principales conséquences pratiques de ces réflexions sont indiquées chemin faisant.

Sur le même sujet, voir aussi, sur ce site :

Synthèse de l’article

Jean-Baptiste Lecuit, « Le spirituel et le psychique, sans confusion ni séparation. Repères pour l’accompagnement spirituel », Teresianum, 72/1 (2021) 95-126

I. Les réalités : le spirituel et le psychique

II. Les expériences : l’expérience spirituelle et l’expérience d’une démarche psychologique

III. Les approches réflexives : théologie et psychanalyse

IV. Les méthodes : accompagnement spirituel et psychanalyse (ou psychothérapie analytique)

Introduction

  1. Les problèmes à gérer ne sont pas d’abord en l’autre : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! Ou bien comment vas-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter la paille de ton œil, et voilà que la poutre est dans ton œil ! Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère. » (Mt 7, 3-5)
  1. Il y actuellement (plus qu’avant ?) pas mal de confusion entre les domaines, les pratiques, les compétences. La psychologie (et la psychanalyse) suscite chez les croyants un mélange de fascination et de répulsion, qui peut conduire à vouloir guérir sans y avoir recours, tout en se parant de son prestige. Ce n’est pas conforme à l’économie de la création, de l’incarnation et du salut (autonomie de la raison, des disciplines scientifiques).

Distinguer (sans séparer) :

I. Les réalités (ce dont on parle) : le spirituel (chrétien) et le psychique (≠ psychologique)

II. Les expériences (ce qu’on vit) : l’expérience spirituelle et l’expérience d’une démarche psychologique

III. Les approches réflexives (comment on le pense) : Théologie (réflexion croyante) et psychologie

IV. Les méthodes pratiques et leurs acteurs (comment on aide, accompagne) : accompagnateur spirituel et psychothérapeute, psychanalyste

… et unir :

  • On connaît la réalité par l’expérience, la réflexion et les méthodes pratiques
  • On fait l’expérience des réalités à la lumière de la réflexion et des méthodes
  • On réfléchit à partir de l’expérience des réalités, et en s’appuyant sur les méthodes pratiques
  • On met en œuvre ces méthodes en tenant compte de l’expérience des réalités et de la réflexion à son sujet

Est d’abord exposé ce qui est commun, ensuite ce qui est différent (entre le pôle spirituel et le pôle psychologique)

I. Les réalités : le spirituel (chrétien) et le psychique

Spirituel et psychique

  • Il s’agit de réalités en grande partie cachées, intérieures, influentes.

Le spirituel

  • N’est pas (d’abord) une partie, une zone de notre être. Le spirituel, au sens chrétien, c’est essentiellement Dieu, son action et sa présence en nous pour nous unir à lui (grâce), les effets de cette action-présence sur notre liberté (foi, espérance, amour). Ces effets ne sont pas d’abord de l’ordre du sensible, mais de l’ordre de l’orientation profonde de la volonté (le cœur au sens biblique), dans une conformité toujours plus profonde avec Dieu et sa volonté (pas seulement ses volontés – ce qu’il veut – mais son vouloir, qui est amour) : union transformante, union d’amour (ie, de volonté) avec Dieu (cf. Thérèse d’Avila, 7e Demeures, 4, 8 : « Être de vrais spirituels, savez-vous ce que c’est ? C’est se faire les esclaves de Dieu »)
  • Il s’agit du Dieu de Jésus-Christ (Importance des Médiations: Jésus, Écritures, Église, Tradition, etc.)
  • Concerne la liberté (intelligence, volonté) (Cf. Augustin : « celui qui t’a créé sans toi ne te justifie [= sauve] pas sans toi. Il t’a créé sans que tu le saches, il ne te justifie pas sans que tu le veuilles »)
  • Concerne (surtout) ce dont on a conscience ou peut avoir conscience (ou prend peu à peu conscience)
  • Réponse à l’appel de Dieu (par foi, amour, espérance).
  • Une réponse libre, parce que donnée par Dieu (grâce)
  • Dimension interpersonnelle (théologale)
  • Tout ce qui est spirituel est psychique (au sens ou cela concerne et implique le psychisme) : rien de ce qui se passe en l’homme n’est purement spirituel.
  • Le spirituel n’est pas réductible au psychique. Rien de ce qui est spirituel n’est purement psychique : Dieu n’est pas psychique (mais ses représentations le sont) ; son action n’est pas psychique (mais ses effets le sont).

Le psychique

  • Le psychisme (appareil psychique) : structuré par une évolution dans laquelle la liberté et la conscience n’interviennent pas du tout au départ, et très peu ensuite
  • En grande partie inconscient
  • Se construit dans l’interaction avec un environnement non choisi, lui-même psychiquement structuré. « Blessure narcissique » : le moi n’est pas maître chez lui, il est divisé (cs-ics), pris entre exigences pulsionnelles, réalité de l’environnement (rencontres), intériorisation des idéaux et des interdits
  • Nous détermine (pathologie => répétition stérile de conduites, de conflits, de situations qui ne favorisent pas la vie en relation : destructivité. Santé => pouvoir aimer, travailler, communiquer, jouir)
  • Tout ce qui est psychique influence (détermine plus ou moins) le spirituel (la liberté)

II. Les expériences : l’expérience spirituelle (chrétienne) et l’expérience d’une démarche psychologique

Expérience spirituelle et expérience psychologique

  • Subjective (≠ sciences naturelles)
  • Grande importance de la parole
  • Grande importance de ce qui est caché, inconnu

L’expérience spirituelle (chrétienne)

  • Suppose la foi
  • Est indissociable d’une interprétation, qui peut être théologique et/ou spirituelle
  • N’est pas présupposée chez le psychologue (n’est pas une garantie de qualité de son travail !)
  • Est présupposée chez l’accompagnateur
  • Est une expérience inséparablement psychique (au sens où elle concerne et implique tout le psychisme) et spirituelle (au sens où elle relie librement à Dieu, en l’action de qui on se fie)
  • Apprend à relativiser ce qui est senti et pensé dans l’instant présent : Dieu est caché ; l’union à Dieu concerne essentiellement la liberté (l’amour).
  • L’expérience spirituelle proprement chrétienne (la vie théologale, de foi, d’espérance et d’amour, s’exprimant notamment dans la prière personnellement adressée à Dieu) s’articule différemment, d’une personne à l’autre, avec l’héritage culturel chrétien, avec la pratique religieuse, et avec la spiritualité au sens large d’une ouverture à la transcendance. Cela est d’autant plus marqué qu’à notre époque le religieux est « à la carte ».

L’expérience psychologique

  • En un sens large, est communément partagée: tout le monde expérimente sa propre vie psychique… (les grands auteurs spirituels sont particulièrement fins « psychologues »)
  • L’expérience de la psychothérapie ou de la psychanalyse, est unique en son genre, et concerne une minorité de personnes
  • Elle est requise (mais non suffisante[1]) pour exercer comme psychologue/psychanalyste
  • Elle n’est pas requise pour l’accompagnateur spirituel
  • Elle est évidemment une expérience psychique. Elle n’est pas en elle-même une expérience spirituelle au sens chrétien précisé plus haut. Elle peut influer fortement (et même favorablement !) sur la vie spirituelle. Elle peut comporter une expérience spirituelle en un sens plus large : expérience d’une certaine liberté, d’un progrès dans la connaissance.
  • Apprend à relativiser ce qui est senti et pensé dans l’instant présent : il y a en nous de l’inconscient ; la santé psychique n’est pas le bien-être.

III. Les approches réflexives : Théologie et psychologie, psychanalyse

Théologie et psychologie (psychanalyse) :

  • Comportent une dimension réflexive, critique, à visée universelle.
  • Supposent l’une et l’autre une expérience subjective de ce dont il s’agit
  • Théologie et psychanalyse – sans doute en grande partie parce qu’elles supposent une telle expérience subjective – sont soupçonnées d’être illusoires, contraires à l’esprit scientifique, non rationnelles.
  • En théologie comme en psychologie : il existe une pluralité d’approches
  • L’une et l’autre supposent une formation reconnue (longue) : i.e. pas solitaire : reconnaissance par les pairs.

Théologie

  • Présuppose la foi
  • Doit prendre en compte le psychique (la réalité et l’expérience) et la psychologie (approche), selon la logique même de la création, de l’incarnation, et du salut.

Psychologie

  • Neutralité / foi
  • La pratique ne prend pas en compte le spirituel (la réalité) en tant que tel, mais seulement en tant que réalité culturelle, ayant une influence sur le psychisme
  • La pratique ne prend pas en compte l’expérience spirituelle en tant que telle, sinon dans sa dimension psychique chez la personne accompagnée
  • La pratique ne prend pas en compte la théologie (sinon, éventuellement, dans sa dimension culturelle)
  • À la lumière de la pratique, la théorie peut éclaire l’expérience et des phénomènes spirituels

IV. Les méthodes pratiques et leurs acteurs : accompagnateur spirituel / Psychothérapeute, psychanalyste

Accompagnement spirituel et aide psychologique

NB : Dans ce paragraphe où est précisé ce qu’ils ont commun, l’accompagnateur spirituel et le psychologue (ou psychanalyste) sont désignés, faute de mieux, par le terme « l’accompagnateur ». (Idem pour « l’accompagné »)

  • L’accompagnateur (a) fait un travail sur lui-même (+ supervision). Il est formé à l’écoute. Il est suffisamment en paix avec ses propres difficultés personnelles. Il se soumet lui-même à la démarche, surtout dans les premières années
  • Il se réfère à un tiers (la foi chrétienne vécue en Église / Une théorie psychologique, en lien avec un groupe professionnel (école, etc.)
  • Dissymétrie, non réversibilité: c’est de la parole et de l’expérience de l’accompagné qu’il s’agit, et qu’il faut d’abord écouter.
  • Stricte confidentialité
  • Abstinence (pas de relation sexuelle ou d’implication affective trop forte)
  • L’accompagnateur doit gérer son « contre-transfert » (Détachement, distance par rapport aux mouvements d’amour et de haine : préférences, curiosités, antipathies, dégoût, admiration, etc.)
  • Distance relationnelle suffisante (pas de lien de parenté ou de subordination) (liberté intérieure)
  • Empathie
  • Ne parle pas de lui-même (sauf éventuellement l’accompagnateur spirituel : sobrement, rarement, à bon escient)
  • Liberté de parole de l’accompagné. Il doit pouvoir dire ce qu’il veut (confidentialité, non jugement, sécurité intérieure de l’écoutant, etc.). Son discours n’est pas dirigé. Si certains sujets présumés importants ne sont jamais abordés, c’est sans doute (surtout ?) parce que l’accompagnateur ne sait pas écouter (cf. ses peurs plus ou moins reconnues) L’accompagnateur spirituel n’a pas à demander à l’accompagné de lui parler de son intimité (notamment en ce qui concerne la sexualité, l’enfance, etc.), mais doit créer les conditions qui lui permettront de le faire. Le psychanalyste ne dirige pas le cours de l’entretien (certains psychologues le font).
  • Le travail repose sur la parole de l’accompagné, dans sa singularité, ses imprévus, ses initiatives. (L’accompagnateur ne sait pas pour lui à l’avance ; chaque cas est unique)
  • Il porte sur les paroles prononcées pendant les entretiens, et non sur la connaissance de la vie extérieure de l’accompagné. La vérification du rapport entre ce qui est dit et la vie extérieure est inutile, illusoire (par ex : s’abstenir de porter des jugements sur les personnes mentionnées par l’accompagné, comme si on les connaissait)
  • L’accompagné livre son intimité, et attend beaucoup de l’accompagnateur (« rêvé » comme un sauveur tout-puissant et omniscient, plus ou moins consciemment), ce qui confère à celui-ci un pouvoir d’autant plus grand que le sujet est fragile. (C’est une des raisons qui impose la neutralité du psychologue ou psychanalyste). De manière spontanée et largement inconsciente, il reporte sur l’accom­pagnateur des désirs, des sentiments, des modes relationnels qui reproduisent ce qu’il a vécu à l’égard de ses premiers objets d’attachement (figures parentales, personnages de l’entourage qui ont eu une importance affective prépondérante). C’est ce qu’en psychanalyse on appelle le transfert. Il se produit particulièrement dans le cadre de l’analyse, qui repose en grand partie sur l’inter­prétation de ce processus qu’elle favorise et par lequel elle est dynamisée. Mais le transfert peut se produire dans les autres relations humaines, notamment dans les relations d’autorité, dans les psychothérapies ou l’accompagnement spirituel. L’accom­pagnateur ne doit pas prendre les manifestations de ce transfert (désirs, attentes, hostilités, admiration, etc.) comme s’adressant d’abord à lui, mais à ce qu’il représente inconsciemment pour l’accompagné. Une des manifestations du transfert est l’attribution à l’accompagnateur d’un pouvoir de compréhension et d’assistance qu’il n’a pas (l’accompa­gnateur rêvé comme omniscient et tout-puissant). Le psychanalyste est averti de cela, mais l’accompagnateur spirituel peut facilement tomber dans le panneau, d’autant plus que cela peut répondre à son propre transfert envers l’accompagné (son contre-transfert).
  • L’accompagnateur s’abstient d’utiliser ce pouvoir pour contrôler l’accompagné, consciemment ou non (lui imposer ses vues, ses désirs, ses angoisses, ses particularités psychiques, ses attentes à son égard, etc.). Il résiste à la tentation de s’identifier au sauveur tout-puissant et omniscient, et s’en donne les moyens (travail sur soi, supervision, …), car il peut toujours être le jouet de son inconscient… (« enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil… » : tâche infinie, dans laquelle on ne risque pas de progresser si on n’y persévère pas)
  • Le rôle de l’accompagnateur consiste à favoriser un travail dont il n’est pas l’auteur.
  • Régularité, travail dans la durée longue, voire très longue! Ce qui s’est construit sur la longue durée ne peut pas se modifier en un instant. Les évolutions rapides sont soit superficielles, soit, quand elles sont profondes, le résultat de transformations préalables parfois non conscientes, et appellent un long travail ultérieur de transformation. L’accompagnement ne suit pas un chemin tracé d’avance.

Accompagnement spirituel

  • Référence explicite à la foi chrétienne (l’accompagnateur peut avoir à enseigner l’accompagné en ce qui concerne la foi, les grands principes de la vie spirituelle, l’enseignement des grands auteurs spirituels)
  • Peut être gratuit (paiement non obligatoire)
  • L’accompagnateur peut être psychologue ou psychanalyste, mais il doit ne pas intervenir en tant que tel (ne délivre pas d’interprétation psychologique, n’est pas neutre par rapport à la foi, etc.). NB : une interprétation psychologique, même pertinente, ne fait que renforcer les résistances, si elle n’est pas donnée dans le cadre professionnel d’une analyse ou d’une psychothérapie, et au bon moment (c’est-à-dire quand la personne est sur le point de pouvoir la formuler par elle-même). L’accompagnateur spirituel peut éventuellement faire remarquer certains liens à l’intérieur du discours de l’accompagné, mais il s’abstient d’en donner une interprétation psychologique. Il peut aider à prendre conscience que certaines répétitions relèvent de processus psychiques, et n’engagent pas directement la liberté du sujet (« premiers mouvements », aliénations diverses, etc.). Il peut conseiller à l’accompagné de consulter un psychothérapeute (mais, si l’accompagné n’en ressent pas plus ou moins le besoin, il risque de se fermer à cette éventualité)
  • S’occupe essentiellement des réalités spirituelles (Dieu, la grâce, l’engagement de la liberté envers Dieu) et de leur expérience
  • Travaille préférentiellement sur le sens conscient et manifeste des paroles de l’accompagné, et sur leur portée spirituelle
  • Doit prendre en compte le psychisme (puisque tout ce qui est spirituel a une dimension psychique), mais ne prend en compte la psychologie que dans la mesure où elle l’aide (par ordre d’importance) 1. à se situer dans une juste relation à l’accompagné (« enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil… ») : écouter en profondeur ; repérer et gérer ses propres déterminismes, angoisses, projections, fixations personnelles, manques de liberté intérieure, volonté de maîtrise, fantasmes de toute-puissance, … et 2. à repérer les contraintes intérieures de l’accompagné (déterminismes, répétions, etc.) et ses marges de liberté
  • Ne vise pas la guérison psychique, mais l’union à Dieu (cela dit : l’écoute profonde et l’empathie peuvent avoir un effet psychique favorable, chez les personnes qui ne sont pas trop fragiles psychiquement). L’acceptation des limites et de certaines difficultés psychiques est au cœur du cheminement spirituel (connaissance de soi, pauvreté spirituelle)

Le psychologue/psychanalyste

  • Référence exclusive à sa discipline psychologique (pas à la foi). (Le psy n’a pas à enseigner le patient)
  • Fait payer ses services (ainsi, l’accompagné ne lui doit rien d’autre. Il n’est pas en dette à son égard, et s’en trouve d’autant moins aliéné)
  • Il peut être croyant, mais il doit ne pas intervenir en tant que tel (sinon, implicitement, en tant que sa foi lui impose de respecter l’autre, et de se conformer à la déontologie de sa discipline) : neutralité bienveillante
  • S’occupe uniquement des réalités psychiques et de leur expérience
  • En psychanalyse (et pour une part plus ou moins grande en psychologie) ne s’arrête pas au sens conscient et manifeste des paroles de l’accompagné
  • Doit ne pas prendre en compte les réalités proprement spirituelles (Dieu, la grâce), et ne prend en compte les réalités religieuses (symboles, rites, discours, théologie) que dans la mesure où elles lui permettent de situer la parole du patient par rapport à des références culturellement partagées (notamment, pour faire la différence entre le délire – théorie purement individuelle, non partageable – et la croyance partagée)
  • Ne vise pas d’abord la guérison des symptômes, mais les conditions permettant une transformation favorable du psychisme (critères classiques de la santé psychique : pouvoir aimer, travailler, jouir, communiquer). L’acceptation des limites et de certaines difficultés psychiques est une condition de possibilité d’une meilleure santé psychique

Conclusion

De ce qui précède, il ressort :

  1. Que malgré leurs points communs, l’accompagnement spirituel et la psychothérapie ou psychanalyse sont très différents
  2. Qu’une même personne peut être accompagnateur spirituel et psychothérapeute ou psychanalyste…
  3. … mais qu’elle ne doit en aucun cas exercer ces deux « accompagnements » à l’égard de la même personne
  4. Et donc qu’une même personne peut être accompagnée spirituellement et psychologiquement, mais pas par la même personne
  5. Dans ce derniers cas, la confidentialité implique que l’accom­pagnateur spirituel et le psychothérapeute n’échangent pas d’infor­ma­tions au sujet de l’accompagné, et qu’un éventuel doute à ce sujet soit écarté
  6. L’accompagnateur spirituel peut orienter l’accompagné vers un psychothérapeute/psychanalyste de sa connaissance, et de préférence lui fournir plusieurs noms. Il s’abstient d’interroger l’accompagné sur le déroulement de son accompagnement psychologique. Il favorise l’échange de parole concernant la vie spirituelle (l’engagement de la liberté dans la relation à Dieu), en aidant l’accompagné à identifier ses marges de liberté (ce qui ne relève pas de la répétition subie), et plus particulièrement les points sur lesquels sa vie de foi l’aide à sortir de la répétition. Dans le cas ou l’accompagné s’adresse à lui comme à son psychothérapeute (raconte des rêves, des souvenirs d’enfance, cherche à interpréter psychologiquement), il lui recommande d’en parler plutôt à son psychothérapeute. Le psychothérapeute, et peut-être aussi le psychanalyste, peut éventuellement suggérer à l’accompagné de trouver un accompagnateur spirituel, à condition de respecter les règles de son art

[1] Loi du 24 juin 2009 : « L’usage du titre de psychothérapeute est réservé aux professionnels inscrits au registre national des psychothérapeutes. […] L’accès à cette formation est réservé aux titulaires d’un diplôme de niveau doctorat donnant le droit d’exercer la médecine en France ou d’un diplôme de niveau master dont la spécialité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse. […] »