« Du spirituel et du psychologique »
Nouvelle page : Santé psychique et union à Dieu

Événement éditorial !

Ruth Burrows, le grand auteur spirituel déjà évoqué sur ce site à propos du rôle de l’inconscient dans les phénomènes mystiques, est célèbre de longue date dans le monde anglophone pour la profondeur et la puissance de transformation de son témoignage et de sa pensée. Son premier ouvrage, Before the Living God, est désormais accessible en français : il vient de paraître aux Éditions du Carmel sous le titre Face au Dieu vivant.

Présentation de Face au Dieu vivant sur le site de l’éditeur »

Ruth Burrows est le nom de plume de Rachel Gregory, carmélite à Quidenham, en Angleterre, comme on le sait désormais grâce à l’ouvrage de la théologienne Michelle Jones consacré à « la mystique évangélique de Ruth Burrows » (The Gospel Mysticism of Ruth Burrows). Dans cette excellente étude, on apprend également ce que l’on pouvait deviner à la lecture des dernières pages de Face au Dieu vivant : sœur Rachel, alias Ruth Burrows, témoigne avoir été conduite, par un chemin de continuelle absence d’« expériences » ou plaisirs spirituels » ou « grâces mystiques », dans l’aridité, l’obscurité intérieure, l’expérience d’une pauvreté intérieure radicale, jusqu’à la joie et la lumière de la plénitude de l’union d’amour avec Dieu.
Cela en fait un témoin et un guide spirituel hors du commun. Son expérience de pauvreté radicale, vécue dans l’abandon confiant à l’amour de Dieu dont on se laisse aimer, est à la fois le cœur même de l’Évangile (« si vous ne retournez à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux », dit Jésus en Mt 18,3), le noyau essentiel de la mystique proprement chrétienne et ce qui, dans son témoignage et sa pensée, est le plus précieux pour stimuler et guider le croyant d’aujourd’hui vers la complète union d’amour avec Dieu.

Elsa, la destinatrice de Face au Dieu vivant, est en réalité l’ermite et critique d’art Wendy Beckett. Grande amie de Ruth Burrows et elle-même auteur spirituel d’une rare profondeur, elle a écrit au sujet de Ruth Burrows : elle est « la personne la plus sainte que je connaisse » (cité dans The Gospel Mysticism, p. 238). Elle la compte même, avec Thérèse d’Avila ou Thérèse de Lisieux, parmi les rares auteurs « qui comprennent le mystère de Dieu et avec quel absolu Jésus nous a partagé tout ce qu’il est » (Ibid., p. XV).

La pensée de Ruth Burrows doit beaucoup au témoignage de Thérèse de Lisieux, qui fut conduite à la plénitude de l’union d’amour avec Dieu en l’absence presque totale des faveurs mystiques évoquées par Thérèse d’Avila et Jean de la Croix lorsqu’ils parlent du « mariage spirituel » ou de « l’union transformante », mais dont la voie d’enfance spirituelle est profondément mystique, au sens où elle est communion au mystère de Jésus, abandonné comme un enfant à son Père, et crucifié par amour. Mais ce témoignage est complété par tout ce qui tient à la singularité de Ruth Burrows, comme l’absence totale de « faveurs » ou d’« expériences » spirituelles, la longueur de la vie, la reconnaissance de l’importance du plaisir et de la sexualité, la grande culture intellectuelle, la prise en compte de l’exégèse contemporaine, ou la réception et la mise en œuvre du concile Vatican II.

En outre, Ruth Burrows est dépourvue des caractéristiques de Thérèse de Lisieux qui la rendent inégalable, au risque de susciter le découragement que, pourtant, son témoignage est censé nous éviter : précocité et vitesse de croissance spirituelles hors du commun, terrible austérité de la vie carmélitaine d’alors, épreuves morales et physiques impressionnantes. Cela contribue fortement à rendre son témoignage particulièrement digne d’attention et stimulant pour qui s’efforce de vivre de l’enseignement de Thérèse de Lisieux et, à travers elle, de Thérèse d’Avila et Jean de la Croix.

Dans l’attente de la traduction d’autres ouvrages de Ruth Burrows, on pourra se référer à cet article, qui propose un extrait traduit de ses Guidelines for Mystical Prayer et une brève présentation de ses ouvrages et de sa pensée.

Extraits de Face au Dieu vivant :

Ma vie ne recèle absolument rien d’extraordinaire, ni même d’intéressant. Elle est on ne peut plus ordinaire. Mais il se pourrait que ce soit par sa banalité même qu’elle puisse être un soutien pour les autres. J’ai l’intuition que c’est par le récit de ma vie, de ma propre quête et de mon propre itinéraire, que mon propos s’illustrera le mieux et fera mouche, comme aucun exposé exclusivement théorique de ces mêmes vérités ne aurait y parvenir (p. 10 de Face au Dieu vivant)

Nous devons nous avancer vers Dieu les mains vides. Nous devons laisser Dieu être pleinement et totalement Dieu. C’est la difficulté même. Nous voulons nous sentir bien, nous voulons avoir le sentiment que nous avons quelque chose à lui offrir de notre propre cru. Nous voulons rayonner spirituellement, avoir une vie spirituelle intéressante et belle. Dans sa miséricorde, il m’a d’emblée privée de tout cela pour me garder en état de pauvreté et d’impuissance. À présent, il m’accorde la grâce de vouloir qu’il en soit ainsi, d’en faire le choix (Ibid., p. 193).

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