Violences sexuelles dans l’Église catholique et psychologie (2)
Sentiment de culpabilité et péché

En des pages particulièrement éclairantes, le grand auteur spirituel Ruth Burrows explique la différence entre l’union à Dieu et les phénomènes qui peuvent être des signes de cette union, mais ne le sont pas toujours : recueillement profond faisant fuir les distractions, embrasement et plaisir intérieurs ne dépendant pas directement de notre volonté, certitude indubitable de la présence de Dieu, pour ne rien dire des extases, visions ou parole intérieures. Elle y prend en compte l’inconscient psychique mis au jour par la psychanalyse et, plus largement, l’apport des sciences humaines, de la psychologie et des neurosciences à la compréhension des phénomènes de type mystique présents non seulement dans l’expérience chrétienne, mais dans d’autres traditions spirituelles.

Voici ces pages : 

Extraits de Ruth Burrows, Interior Castle Explored. St Teresa’s teaching on the Life of Deep Union with God, HiddenSpring, 2007 (1981) :

(Traduction par DeepL, corrigée par J.-B. Lecuit)

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p. 93 : Le fait que nous maintenions constamment que la grâce mystique elle-même est très secrète, signifie que nous n’avons aucune difficulté à admettre que Dieu vient à nous dans toute sorte d’expérience concevable, y compris nos états intellectuels et psychiques. Une fois que nous avons compris que ces expériences ne sont pas la grâce mystique elle-même, qu’elles ne sont pas Dieu, qu’elles ne viennent pas directement de lui, mais qu’elles doivent être classées avec toutes les autres façons dont il vient – par la lecture, les bonnes pensées, les personnes, les événements, et ainsi de suite – et que nous ne pouvons pas être certains qu’elles sont les effets de la grâce mystique, alors nous pouvons écarter toute crainte d’illusion.

p. 97 : Si nous devons nous rappeler que nous ne devons jamais accorder une importance excessive aux « faveurs » de quelque nature que ce soit, il faut en faire autant pour la souffrance. Il peut y avoir une énorme quantité de souffrances inutiles que nous induisons réellement parce que nous les ressentons comme authentiques, comme un signe que nous progressons, que nous sommes particulièrement proches de Dieu, que nous sommes une « âme élue », etc. Nous avons tort d’accorder une telle importance à la souffrance. Tout ce qui compte, en tout temps et en tout lieu, c’est un attachement fort et résolu à Dieu, une détermination à faire sa volonté, quoi qu’il en coûte. Si la souffrance a une valeur, c’est uniquement lorsqu’elle nous oblige à de tels actes d’amour. En soi, elle n’est pas sanctifiante. En ce qui concerne la souffrance intérieure, car c’est d’elle qu’il s’agit ici, la seule façon d’y faire face est de refuser de l’avoir, de la subir. Nous sommes bien mieux sans elle. Si nous ne pouvons pas nous en débarrasser à volonté, nous pouvons l’utiliser en nous élevant avec persistance hors d’elle, en nous élevant dans le monde réel de la Vérité et de l’Amour. Cette sorte de souffrance intérieure est un fantasme, elle n’a pas de réalité. La réalité, c’est la vie, le monde de Jésus ressuscité, où il y a une sécurité et une joie totales, où tout est bien et sera bien. C’est là que nous devons vivre, et non pas dans nos misérables états subjectifs de sentiments, mesurant la vie telle qu’elle nous semble, telle que nous la ressentons au lieu de telle qu’elle est. Pour beaucoup de gens, pour nous tous, en réalité, l’abandon, la mort à soi-même se situe précisément ici. Elle n’est pas suffisamment comprise. Le masochisme, la dramatisation de la souffrance sont tout aussi courants et constituent un obstacle tout aussi important que le manque de générosité pour supporter les difficultés de la vie.

p. 99 :  Le ravissement, le vol d’esprit, tels qu’ils sont décrits par Thérèse comme des phénomènes, ne sont pas confinés au domaine vraiment mystique. Nous pouvons en entendre parler, lire qu’ils se produisent dans des contextes tout à fait séculiers, humanistes, voire diaboliques.

Une citation du livre de Colin Wilson, Mysteries, aura une grande signification dans notre contexte, principalement parce que l’expérience décrite – c’est celle d’un yogi moderne – ressemble tellement à ce que Sainte Thérèse considérait comme l’une de ses expériences les plus sublimes, le vol d’esprit.

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