Le christianisme, écrit Antoine Vergote, « n’a pas pleinement reconnu, compris et estimé l’humain ». Dans un article toujours actuel, maintenant disponible en ligne, il montre pourquoi et comment l’ignorance des processus psychiques inconscients a conduit à un certain « surnaturalisme », attribuant directement à Dieu des phénomènes en grande partie conditionnés par le psychisme, ou en quoi la méconnaissance de la sexualité a conduit l’Église à tenir un discours peu crédible à son sujet.
Extraits : « Les textes et les discours spirituels fourmillent d’expressions qui, n’étant pas fausses en soi, trahissent la tendance à surnaturaliser, c’est-à-dire à mettre au compte d’une initiative divine perceptible ce qui est aussi celle de l’homme. On appelle vocation par Dieu le projet de s’engager pour la vie religieuse. L’attraction pour la conversion chrétienne est un appel de Dieu. Les difficultés sur la voie choisie sont des épreuves que Dieu envoie. […] Pareil langage peut charger les épaules des hommes de lourds fardeaux. Ils sont nombreux les appelés ou les élus que la culpabilité de l’infidélité a tourmentés. » (p. 37) « La reconnaissance des processus proprement humains qui sont sous-jacents aux phénomènes mystiques, n’implique pas une réduction de ceux-ci à de l’humain pur. En effet, les dynamismes cachés que la psychologie met à jour ne produisent pas la présence de Dieu, mais ils en conditionnent les modalités : silence, visions, manifestation éclatante ou intuition de l’inhabitation durable. » (p. 39) « l’Église a senti que le plaisir charnel est une expérience si intense que de soi elle n’ouvre pas au désir de trouver le bonheur en Dieu mais qu’elle risque au contraire de l’absorber. Dieu et le plaisir ne sont pas dans une harmonie naturelle. La psychanalyse montre même que des raisons inconscientes font que l’homme les ressent comme en rivalité. […] Pour ceux qui savent comment la vie sexuelle peut élargir l’existence et confirmer l’amour et quelles sont les conséquences néfastes de sa perturbation, les lois de l’autorité ecclésiastique sont vraiment incompréhensibles. Actuellement, elles apparaissent comme la plus grave dénégation de l’humain. L’Église y perd non seulement son autorité en une matière qui est essentielle à la culture, sa méconnaissance de la réalité humaine rend suspecte son message religieux lui-même. » (p. 41)
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