Les phénomènes mystiques chez Thérèse d’Avila
Un article d’Antoine Vergote sur l’origine de la foi

VergoteUn article d’Antoine Vergote qui, malgré son ancienneté (1969), n’a pas beaucoup perdu de son actualité.

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Lire notamment, p. 378 : 

La répression violente, précoce et durable de la sexualité, ne va pas sans déformation de toute la personnalité. La sexualité fait tellement partie de notre cœur et de notre chair (de notre corps vécu), que l’homme ne sort pas de son isolement affectif et qu’il ne parvient pas à se reconnaître comme individu en échange avec autrui, s’il n’assume pas la sexualité dans une expérience consciente. La répression totale se traduit de plusieurs manières. Elle peut d’abord enfermer dans l’attitude narcissique. Il est des prêtres qui n’ont vraiment aucune préoccupation réelle d’autrui. Ils pensent aux autres comme à des fonctions dans l’organisation qu’ils dirigent. D’où leur sensibilité trop aiguë pour les éloges et les égards ; leur intolérance pour l’opposition et les conflits ; leur recherche parfois ridicule de prestige mondain ; leur duplicité sournoise dans les rapports sociaux et dans les relations d’autorité. Tous ces traits composent le tableau connu de l’égocentrisme. Ce que l’on ignore trop souvent, c’est qu’il n’est pas en premier lieu d’ordre moral, mais affectif et sexuel. Il va sans dire que les défauts décrits ne sont pas l’apanage des prêtres ! Si nous avions à étudier les problèmes affectifs du mariage, nous aurions à développer des considérations analogues. Mais loin de les contredire, une telle constatation ne fait que confirmer nos propos. 
La répression de la sexualité, et de la relation affective avec les autres, peut également avoir pour conséquence une attitude masochiste. On se vit comme être consacré, c’est-à-dire donné aux autres, renonçant à son propre bonheur, en un mot : homme sacrifié. Concrètement cela signifie un esprit de martyre ; on caresse la souffrance du renoncement comme si elle équivalait pour lui à un état de sainteté. C’est là encore une forme subtile de
narcissisme perverti. L’esprit légaliste découle lui aussi de cette répression mentionnée. Il peut aller jusqu’à la névrose obsessionnelle. Tout le christianisme y est envisagé dans la perspective du devoir, et Dieu se trouve identifié à la Loi. D’où la méfiance vétilleuse envers toute manifestation du désir humain, en soi et chez les autres. Dieu sait si cette attitude a eu des influences néfastes sur les théories et pratiques morales qui ont souvent régné dans les milieux catholiques ! Et sur le plan catéchétique, l’esprit légaliste inspire le manichéisme pratique d’une religion centrée sur la peur et sur le jugement.

 

 

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