« Le corps. Pensée contemporaine et catégories bibliques » : dans cet article, Antoine Vergote propose une remarquable réflexion psychanalytique, phénoménologique et théologique sur le corps.
- Consulter l’article » (voir aussi les extraits ci-dessous)
- Consulter un autre article de Vergote sur le corps » (« The Symbolic Body and the Symbolic Symptom », International Journal of Psychology, 20 [1985] 419-437)
- Pour une analyse de l’apport de la pensée de Vergote au sujet de l’unité complexe de l’être humain, inséparablement spirituel, psychique et corporel, voir la première partie de J.-B. Lecuit, L’Anthropologie théologique à la lumière de la psychanalyse. La contribution majeure d’Antoine Vergote, Cerf, 2007. Y sont traités les thèmes de la pulsion, du corps libidinal, du corps psychique, à la jonction conflictuelle du corps organique et de l’esprit, et de la prise en compte de l’unité conflictuelle de l’être humain en anthropologie théologique. Consulter une présentation détaillée du livre »
Extraits de « Le corps. Pensée contemporaine et catégories bibliques », Revue théologique de Louvain,10/2 (1979) 159-175 :
p. 507 : « L’un des faits les plus marquants de la culture contemporaine […] est la progressive découverte de l’unité de l’homme, unité dont le corps est le lieu, l’objet et l’agent. »
p. 512 : « la pensée contemporaine du corps me semble retrouver l’essentiel de l’idée biblique, après un long cheminement qui a développé scientifiquement le concept grec. »
p. 518 : « Il a fallu attendre le xxe siècle pour qu’un Freud, héritier de tout un développement culturel et de toute une tradition scientifique, applique au corps malade l’esprit d’observation systématique et de construction théorique, découvre l’inhérence mutuelle du corps et du psychisme, et construise les concepts théoriques qui rendent compte du corps psychique. »
p. 519 : « La complexité du corps psychique tient précisément à l’imbrication entre deux ordres ; celui de la vie et celui du langage, imbrication qui n’est pas un compénétration harmonieuse […], mais qui est tensionnelle, voire conflictuelle ; imbrication qui, cependant, ne permet pas de découper les pôles conflictuels entre, d’une part, le corps, et d’autre part, le sujet. »
p. 521 : « L’homme est à la jonction de deux ordres ; celui du corps vivant et celui du langage. Il est la jointure même des deux ordres. Pour cette raison il n’est pas un composé de corps et d’esprit, mais un composé de corps organique, de corps psychique et d’esprit. […] je ne vois pas comment appeler autrement [qu’esprit] cet ordre qui est celui du système symbolique que constitue le langage. »
Composé, l’homme trouve une certaine unité dans le corps psychique, celui précisément où se rejoignent et se compénètrent le corps organique et le système symbolique. On peut le plus directement éprouver cette unité de l’homme dans la “vie affective” »
p. 522 : « Le corps intérieurement et relationnellement affectif, c’est ce que le terme hébraïque de chair (basar) connote. […] La vie affective, ou le corps comme chair, est précisément la jonction de deux ordres entre lesquels il n’y a pas d’harmonie préétablie. »
p. 523 : « Le corps est à la fois organique et psychique et comme psychique il est le lieu subjectif d’un travail qu’imposent les deux ordres systématiques. […] C’est de l’intérieur du corps organique transformé en corps psychique par le système symbolique, que je dis “je” […]. Sans corps psychique il n’y aurait pas d’homme mais un automate pensant. »